Présentation
Blotti dans un coude de la haute vallée de l’Aude, entre Pyrénées et Corbières, la cité d’Espéraza (du latin Speratius, nom de propriétaire gallo-romain) connaît un destin exceptionnel martelé par le travail des hommes et révélé par les hasards de la recherche paléontologique.
Une pépinière de carrassiers
Que penser, en effet, d’un bourg qui, depuis le Moyen Age, fut une pépinière de "carrassiers" ou radeliers, ces rudes meneurs de trains de bois qui convoyaient au fil de la rivière Aude, entre le port de Quillan et la mer, de véritables trains de grumes et de troncs destinés au chauffage, à la construction d’habitations et surtout, à partir du XVIIème siècle, à la construction anavale(1).
Un centre industriel
Que penser d’une agglomération qui, dans le milieu du XIXème siècle, devient un centre industriel axé sur la fabrication des chapeaux de feutre de laine au point de parvenir au second rang mondial dans la spécialité, vendant cette production aux quatre coins de la planète avant de décliner à partir des années 1950, victime de la mode et d’un manque de diversification(2).
Que penser d’un petit centre industriel qui, ne s’avouant pas vaincu par la quasi disparition de la chapellerie, se reconvertit dans les matières plastiques, dans les composants isolants et surtout dans la chaussure, même si ce modeste boom économique n’aura qu’une durée limitée.
Des gisements fossilières
Que penser enfin d’un village sommeillant, dont la population a chuté de près d’un millier d’habitants en 30 ans qui, tout à coup, dans les années 1980, grâce à quelques amateurs d’archéologie et d’histoire, s’aperçoit que ses flancs recèlent un des plus importants gisements fossilifères d’Europe, contenant notamment des squelettes de dinosaures entièrement conservés ainsi que des aires de ponte de ces mammifères préhistoriques qui fascinent aujourd’hui petits et grands(3).
Au cœur d’une région attrayante
Il s’agit là, assurément, d’un destin hors du commun et l’on comprend qu’un tel lieu, outre sa situation géographique et sa convivialité légendaire, attire de plus en plus de curieux, de visiteurs de tous horizons et de nouveaux résidants.
Car la commune d’Espéraza se situe au cœur d’une région particulièrement attrayante, tant par la beauté des paysages que par son intérêt historique et sa qualité de vie.
Espéraza, un lieu de vie au destin hors du commun
Un bref résumé du passé d'Espéraza s’impose. Site exploité par les gallo-romains puis doté d’un prieuré dès le IXème siècle peu après la fondation de l’abbaye d’Alet, l’ancienne Asparazanus fera partie du comté de Razès, passera sous la juridiction des vicomtes de Carcassonne et aura des seigneurs particuliers jusqu’à la croisade contre les Albigeois. Reconstruit sur son lieu actuel à compter du XIIIème siècle, le village sera inclus dans les biens directs de la couronne de France. Faisant partie de l’évêché d’Alet sur le plan spirituel puis de la sénéchaussée de Limoux sur le plan temporel, la communauté d’Espéraza vivra essentiellement du commerce du bois, de la radellerie ainsi que des tanneries et mégisseries qui s’échelonnent sur le bord du fleuve, sans oublier les moulins à foulon et à blé.
A la Révolution, Espéraza sera érigé en chef-lieu de canton dans le cadre du district de Quillan mais perdra ce titre lors de la mise en place des structures départementales par le Consulat.
Quant à l’histoire contemporaine de la commune, elle demeure à jamais marquée par l’extraordinaire aventure que constitua l’implantation et le développement de l’industrie chapelière.